La douleur est un aspect omniprésent dans le quotidien de l'ostéopathe, un acteur clé dans la gestion du bien-être de ses patients. Comprendre et interpréter cette douleur est essentiel pour répondre aux besoins spécifiques de chaque individu et améliorer leur qualité de vie.
La douleur peut être définie comme un signal complexe et multi-systémique, produit par une activation neuronale spécifique, appelée neuro-signature. Comme l'explique le kinésithérapeute G. Lorimer Moseley dans son livre Explain Pain (2003), ce signal survient lorsque le cerveau perçoit un danger pour les tissus physiques et estime qu'une action est nécessaire.
Plus simplement, la douleur est une alerte envoyée par le cerveau en réponse à un danger potentiel. Ce signal est influencé par divers facteurs, tels que l’histoire de vie, les expériences, et les croyances de la personne, rendant chaque douleur unique et personnelle.
Types de douleur
La douleur peut se manifester de différentes manières, mais elle est généralement classée en deux catégories principales : la douleur aiguë et la douleur chronique.
Douleur aiguë : Brève et intense, la douleur aiguë ne dure que quelques minutes à quelques semaines. Elle est souvent la conséquence d'un traumatisme, d'un choc ou d'un faux mouvement. Ce type de douleur est déclenché par un circuit nociceptif, un mécanisme de protection du corps qui cesse généralement dès que la cause est éliminée.
Douleur chronique : La douleur chronique, quant à elle, est plus complexe et persistante, durant plus de trois mois. Elle peut être inconstante et parfois apparaître sans cause évidente ni lésion identifiable. À ce stade, elle n’est plus simplement une réponse à un danger, mais plutôt le résultat d'un dysfonctionnement du système de signalisation de la douleur.
La douleur chronique peut résulter d'une lésion mal soignée, conduisant à une activation répétée du circuit nociceptif. Ce phénomène épuise souvent le patient, tant physiquement que psychologiquement, et peut entraîner une appréhension à mobiliser la zone douloureuse.
Elle peut également être liée à un stress prolongé, qui induit des contractures musculaires pouvant évoluer vers une inflammation chronique. Cette condition est souvent accompagnée d'une sécrétion accrue de cortisol, une hormone qui, à long terme, peut affaiblir le système immunitaire et provoquer des troubles cardio-vasculaires et musculo-squelettiques.
Le rôle de l’ostéopathe dans la gestion de la douleur
Face à cette complexité, l'ostéopathe joue un rôle crucial. Lors de la consultation, il commence par interroger le patient pour l'encourager à verbaliser et contextualiser sa douleur. Cette étape est essentielle pour comprendre la problématique spécifique et élaborer un plan d'action adapté.
Définir la douleur de manière simple et précise facilite cette communication : Où se situe-t-elle ? Est-elle localisée à un point précis, ou se présente-t-elle sous forme de barre ou de zone plus étendue ? Est-elle à gauche ou à droite ? En répondant à ces questions, le patient contribue à cartographier son propre corps, un processus fondamental pour la prise en charge.
Les recherches de Michael Merzenich, un éminent chercheur en neurosciences, ont montré que la cartographie cérébrale du corps est essentielle pour gérer la douleur. Selon ses travaux sur les douleurs fantômes, une carte cérébrale détaillée de chaque partie du corps peut agir comme un antidouleur naturel. Des pratiques comme la méditation, la sophrologie ou le yoga peuvent aider à enrichir cette cartographie interne, renforçant ainsi la gestion de la douleur.
La continuité des soins
Il est important de comprendre que la douleur peut persister ou réapparaître après une séance d'ostéopathie. Mobiliser le corps par l'activité physique après une séance ne se limite pas à réactiver la zone traitée ; cela prouve également que votre corps fonctionne, modifiant progressivement le circuit de la douleur grâce à la plasticité cérébrale.
En conclusion, le rôle de l'ostéopathe ne se limite pas à soulager la douleur. Il consiste également à écouter, comprendre, et accompagner le patient dans un processus de gestion active de sa douleur, tout en favorisant une meilleure conscience corporelle et un retour progressif à la mobilité et au bien-être.
Je vous partage celle-ci pour vous illustrer mes propos : https://youtu.be/5dEbqRYqY_0?feature=shared
Bibliographie :
Maureen Battaglia, « L’efficacité de la réalité virtuelle dans le traitement des douleurs fantômes chez les amputés », 2021
David S. Butler et G. Lorimer Moseley, « Explain Pain », 2003, (2e édition 2021)
Sophie Standing et Steve Haines, « La douleur, quelle chose étrange », 2018