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L'expérience de la douleur

Dernière mise à jour : 25 févr.



Sophie Standing et Steve Haines, « La douleur, quelle chose étrange », 2018


 

 La douleur est omniprésente dans la vie professionnelle d un acteur de santé, notamment celle de l'ostéopathe. Il est donc indispensable qu'il l entende et la comprenne pour répondre aux besoins de son patient afin d'améliorer son confort de vie.


La douleur est définie comme « un signal multi systématisé produit par un pattern d’activation neuronale (ou neuro-signature) individuel et spécifique. Cette neuro-signature se produit dès lors que le cerveau en vient à conclure que des tissus physiques sont en danger et qu’une action est requise […] », d'après le kinésithérapeute G. Lorimer Moseley, dans son livre Explain Pain publié pour la première fois en 2003.

Définie plus simplement, la douleur est un signal envoyé par votre cerveau pour répondre à un danger. C est un neurotag ou une neuro signature. Elle va être influencée

par votre histoire de vie (éducation, expériences, croyances) ce qui rend cette sensation désagréable si singulière.

 

La douleur peut être aigue, soit brève et vive et ne dure que de quelques minutes à quelques semaines. C’est une réponse du cerveau émise par un circuit qu’on appelle circuit nociceptif, faisant suite à un traumatisme, un choc, un faux mouvement etc. Elle s’arrête en général dès que sa cause est évincée.


La douleur chronique est plus difficile à expliquer. Elle dure plus de trois mois et répond plus ou moins bien au traitement médical. Son rythme est inconstant, parfois sans cause apparente ni lésion. A ce stade, ce n’est plus une réponse mais un dysfonctionnement du système de danger.


Elle peut être due à une lésion mal soignée par exemple. Ce qui entraine une réponse nociceptive répétée dans le temps. Le système n’arrive plus à s’arrêter. En général vous êtes épuisé de ne pas avoir de solutions, ce qui peut altérer votre comportement. Se surajoute une appréhension de mobiliser la zone en souffrance.


Elle peut aussi être une conséquence d'un stress prolongé, stress générant progressivement des contractures musculaires. Au départ vous ne les sentez pas. Au fur et à mesure, le muscle ne se relâche plus, s’abime, génèrant potentiellement une inflammation propre et environnante. La douleur chronique s’installe. S’associe à cela une sécrétion plus ou moins accrue de cortisol, une hormone qui, sur le long terme, affaiblit potentiellement le système immunitaire et peut installer des troubles cardio-vasculaires et musculo-squelettiques.

 

 

Cette chronicité est un inconfort de vie certain. L'ostéopathe interroge donc son patient en début de consultation pour l encourager à verbaliser au mieux ce qu'il ressent, le contextualiser, afin de comprendre la problématique. Ensemble, ils vont ainsi pouvoir apporter des solutions.

 

La définir simplement dans un premier temps facilite cette communication : où se situe-t-elle ? Constitue-t-elle un point, une barre, une zone ? Est-elle à gauche à droite ? C’est VOUS qui cartographiez inconsciemment votre corps.

Merzenick est un brillant chercheur qui a travaillé sur les douleurs fantômes : ses recherches ont notamment montré que lorsque vous perdiez un membre, la cartographie cérébrale se modifiait en remplaçant l’absence par une autre partie du corps existante. Il en a conclu en 2013 qu’une map solide fine et détaillée, de chaque partie du corps, pouvait constituer une forme naturelle d’anti-douleur. A noter que les activités comme la méditation, la sophrologie ou le yoga vous permettent de prendre conscience de votre corps et donc d’enrichir cette cartographie corporelle interne.


Plus vous en parlez sans gêne, plus votre thérapeute peut comprendre/expliquer/soulager/rassurer, surtout si cette douleur vous inquiète et sort de votre champ d’expériences et de croyances. Vous rassurer est un point de départ pour retrouver le courage de mobiliser cette zone qui vous gêne.

 

Sachez qu'après une séance d'ostéopathie, la douleur peut perdurer encore quelques temps, voire réapparaître. Ainsi, la mobilisation du corps par une activité physique peut être non seulement une remise en route de la zone considérée, mais aussi la preuve, par le progrès personnel, que votre corps fonctionne. Le circuit de la douleur va ainsi se modifier. C' est ce qu'on appelle la plasticité cérébrale.


La plasticité cérébrale fait référence à la capacité du cerveau à se modifier et à s'adapter tout au long de la vie en réponse à de nouvelles expériences. Cela signifie que les connexions entre les neurones et la structure du cerveau peuvent changer en fonction de notre environnement et de nos interactions avec celui-ci.

 

Pour résumé, la douleur est une expérience inévitable sur une vie entière. Elle est propre à chacun et doit toujours être considérée par le soignant qui vous reçoit. Elle n est cependant pas une fin en soi. Il existe des alternatives thérapeutiques hors contexte pathologique permettant de la faire évoluer. Les neurosciences s'efforcent à démontrer que le cerveau humain est plastique donc domptable : n'ayez pas peur de vous surprendre en modifiant votre expérience de la douleur.


Je vous partage celle-ci pour vous illustrer mes propos : https://youtu.be/5dEbqRYqY_0?feature=shared

 


Bibliographie :


  • Maureen Battaglia, « L’efficacité de la réalité virtuelle dans le traitement des douleurs fantômes chez les amputés », 2021


  • David S. Butler et G. Lorimer Moseley, « Explain Pain », 2003, (2e édition 2021)


  • Sophie Standing et Steve Haines, « La douleur, quelle chose étrange », 2018

 

 

 

 

 

 

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