Les déformations crâniennes du nourrisson font débat depuis la campagne préventive américaine visant à limiter la mort subite du nourrisson (N.I.C.H.D,1994, « Safe to Sleep, Back to Sleep ») : il faudrait dans l’idéal les faire dormir sur le dos.
Dès lors, est observée une augmentation de la prévalence de cette fameuse plagiocéphalie ou déformation asymétrique du crâne de vos bambins. Hors contexte pathologique (présence d’une craniosténose), une étude de cohorte de 2004 confirme que les contraintes dorsales auraient une incidence de 3,3% à 19,7% sur la tête d’un nourrisson de 4 à 24 mois.
Les autres causes seraient multiples : contraintes utérines, conditions d’expulsion lors de l’accouchement (instruments), présence d’un torticolis congénital dans 50% des cas, matériel de puériculture à domicile, alimentation du même côté etc.
Pour rappel, la plagiocéphalie non synostotique est une déformation du crâne de l'enfant caractérisée par une asymétrie donnant à la tête une forme oblique : aplatie d’un seul côté, avec une avancée du front et de l’oreille homolatérale, et une asymétrie du visage pouvant s'observer dans les formes les plus sévères (au delà de 15mm). La brachycéphalie non synostotique est une déformation de la tête du bébé caractérisée par un aplatissement global arrière. Le visage est large, les oreilles décollées dans les formes les plus sévères (l’indice de mesure supérieur à 95%).
Selon le rapport de la Haute Autorité de Santé paru en 2020, ces déformations pourraient engendrer des troubles de développement de la mâchoire et de la colonne vertébrale (scoliose), altérant leurs fonctions (mastication, langage et mouvement du corps) en plus des conséquences esthétiques. Certains chercheurs tentent même à démontrer un retard neurocognitif (langage, motricité, apprentissage, attention etc.).
L’ostéopathe intervient pour tenter d’évaluer par la mesure et pour corriger manuellement ce type de déformation ; En complémentarité éventuelle de rééducation en kinésithérapie, et d’une liste de conseils en motricité libre. Le corps médical commence quant à lui à se former sur le sujet. Face à des déformations plus sévères où nous ne pourrions vous apporter de solutions satisfaisantes, l'orthèse peut être envisagée.
En 2022, nos confrères italiens ont permis d'affirmer notre légitimité dans la prise en charge des plagiocéphalies non synostotiques : une étude randomisée incluant 96 nourrissons âgés de un à six mois, répartis dans deux groupes (placébo et traité). Ils ont réussi à démontrer une diminution statistiquement significative de ladite asymétrie après trois mois, puis après un an de prise en charge ostéopathique. Ce travail de recherches renforce d ailleurs les études sérieuses antérieures de 2011 et de 2020, que vous retrouverez en fin d'article.
Ainsi, si vous avez des doutes sur la tête de votre progéniture, n’hésiter pas à consulter un ostéopathe ou tout autre thérapeute reconnu et formé sur les déformations crâniennes positionnelles du nourrisson.
Bibliographie :
« La plagiocéphalie positionnelle. Etude de l’impact de la diffusion de la plaquette de prévention réalisée à la Maternité Régionale Universitaire de Nancy sur la connaissance des femmes », Camille Ernst, 2014
« La plagiocéphalie positionnelle d’origine postérieure .État des lieux des connaissances des sages-femmes et despatientes hospitalisées en suites de couches », Emma Veyron, 2019
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S174438811100020X
https://youtu.be/2lKDcNvQ9FQ